LE CHAT ET SON TERRITOIRE

Il y a différents types d’agression dont l’agression territoriale qui survient lorsqu’un intrus entre dans le champ d’activité d’un chat qu’il ne souhaite pas partager. C’est le cas notamment lors de l’arrivée d’un nouveau congénère. Pour chaque type d’agression, on observe une phase appétitive (menace), une phase consommatoire (morsure) et une phase d’apaisement. Les vocalises et feulements y sont très présents. La phase consommatoire peut se limiter à des courses-poursuites. Dans ces conflits opposants deux chats, la fuite est ressentie comme une agression et génère du stress. Il peut aussi arriver qu’il y ait des blessures dues à des griffures ou des morsures. L’agression vient du fait que l’arrivée d’un nouveau congénère est perçue comme une intrusion dans un champ que le chat ne souhaite pas partager. Il s’agit là d’une protection des ressources contre un intrus.

1. LE TERRITOIRE ET SON ORGANISATION

Le territoire du chat est défini comme son BIOTOPE, c’est-à-dire un milieu biologique homogène propre au développement du chat. Le chat est très attaché à son milieu de vie qu’il organise, structure et partage avec ses congénères.

Son territoire revêt une grande importance. Le chat est apaisé quand son territoire est bien structuré. Il s’agit de champs territoriaux balisés par des marques olfactives ou visuelles. Parmi les champs territoriaux du chat, on distingue :

• les champs d’activité,

• les champs de jeux,

• les champs d’élimination,

• les champs de repos,

• les champs d’isolement…

Ces différents champs territoriaux sont reliés entre eux par des chemins qui sont fixes.

Il faut savoir que le chat emprunte toujours les mêmes chemins.

C’est pourquoi ils peuvent être le lieu de conflits entre chats.

2. TROUBLE COMPORTEMENTAL

(Troubles du comportement du chat Biotopathies : aploutobiotopathies)

Lors de l’introduction d’un nouveau congénère survient une modification de l’organisation du milieu de vie qui peut entraîner une incapacité de s’adapter à ce changement. L’arrivée d’un nouveau congénère peut donc perturber le chat par :

• la modification de ses repères sensoriels (essentiellement olfactive)

• la modification de ses champs d’activité qu’il va devoir partager.

Il faut savoir que les chats ne sont pas tous égaux devant la gestion du stress. La vulnérabilité émotionnelle est un facteur important de non-adaptation face au changement du milieu de vie d’un chat.

3. QUELLES SOLUTIONS ?

• La thérapie comportementale comprend l’aménagement du territoire.

Il est conseillé de multiplier les lieux de repos, le nombre de gamelles, les lieux d’élimination, d’observation, les lieux de passage et les espaces de fuite. Au départ, pour résoudre les problèmes de conflits territoriaux, il est nécessaire de séparer le chat craintif du chat agressif en leur aménageant des espaces apaisants. Les chats seront remis ensemble progressivement.

Le choix de l’endroit de rencontre est de préférence un territoire neutre. Par exemple, le lieu de rencontre se fera sur le territoire du chat craintif. Les chats refont connaissance olfactivement par le biais d’une porte entrouverte. Espace suffisant pour se humer ou jouer mais insuffisant pour les laisser passer le corps. Il faut savoir qu’en milieu naturel, une fois qu’un groupe est constitué, l’acceptation d’un nouveau venu est plus difficile et prend beaucoup plus de temps.

• Enrichir son milieu de vie  

Veillez à ce que vos chats aient les moyens de mettre en place des stratégies d’organisation apaisante comme par exemple l’accès à la dimension verticale (parcours mural) et la possibilité d’avoir de nombreux lieux d’isolement. Aménagez des espaces de fuite et des cachettes en nombre suffisant.  Il ne faut surtout pas intervenir en cas de course-poursuite et de bagarres. En effet, il faut accepter que le partage du territoire puisse se faire par ce biais. Face au comportement agressif de votre chat dû à l’arrivée d’un nouveau congénère, les punitions seront à proscrire car elles sont anxiogènes.

4. ASTUCES À METTRE EN PLACE :

Disposer des objets mobiles pour animer le domicile (bouchon au bout d’une ficelle attaché aux poignets de portes).

Multiplier les ressources (jouets, balles, souris, distributeurs de croquettes, arbres à chat, parcours muraux…).

Spray thérapie : pulvériser de l’eau à l’aide d’un spray en direction du chat à l’affût qui va entamer une course poursuite

Réorientation de la prédation : être prêt à lancer un jouet mobile qui captera l’attention du chat et le détournera de sa cible première. Multiplier les champs territoriaux (les lieux d’alimentation, les lieux d’élimination, les zones de repos et d’isolement)

• Les Phéromones

Ils doivent être associés à une thérapie comportementale. Les phéromones sont un type de communication chimique olfactif que les chats utilisent pour interagir entre eux. Les phéromones ont de nombreuses fonctions, notamment les interactions sociales et le marquage du territoire. Chez le chat, les phéromones sont sécrétées par les glandes faciales (sur le menton, les joues et le front), les glandes anales, les coussinets et la région mammaire. Les glandes anales libèrent des phéromones dans l'urine et les excréments qui transmettent des messages territoriaux (d’où le marquage urinaire).

Les phéromones permettent au chat de:

• Marquer son territoire

• Reconnaître et apprendre à connaître les autres chats

• Créer de la familiarité

• Renforcer les liens

• Envoyer des signaux aux partenaires sexuels

• Aider les mères et leurs chatons à créer des liens

• Se détendre

• Exprimer du bonheur et de la satisfaction

• Exprimer du stress ou de la peur

Les phéromones synthétiques sont des recréations de laboratoire qui imitent les phéromones naturelles pour aider à promouvoir un sentiment de calme et de sécurité dans les situations stressantes.

L'idée est d'atténuer la peur, l'anxiété et le stress et les comportements associés tels que l'agression entre chats.

Elles sont associées à l’extrait de valériane, qui attire naturellement les chats. La valériane a une action thérapeutique propre qui contribue à l’efficacité des produits.

Parmi les phéromones de synthèse, on distingue :

PHÉROMONES FACIALES FÉLINES (F3)

• FELIWAY®

Le diffuseur Feliway va réduire les signes de stress tels que :

- les peurs

- les réactions aux changements

• ZENIFEL

Le spray Zenifel combine des phéromones d'apaisement émotionnel du chat avec de l'extrait de Nepeta Cataria, communément appelée Herbe à chats.

On les répertorie dans la Fraction faciale F3. La fraction F3 est utilisée dans l’environnement et permet de restaurer un marquage de familiarisation aux vertus apaisantes.

Ces phéromones faciales félines sont indiquées lors d’une désorganisation des marquages du territoire (marquage urinaire, griffades).

PHÉROMONES DU COMPLEXE FACIAL (F4)

• FELIFRIEND

On les répertorie dans la Fraction faciale F4

Elle est le support des relations qui inhibe les comportements agressifs. Elle fonctionne comme leurre : le chat considère comme familier l’individu porteur. Il peut donc être utilisé pour faciliter la familiarisation avec un chat inconnu ou les interactions entre les chats. L’acceptation d’un nouveau venu sera ainsi facilité.

PHÉROMONES MATERNELLES (CAP)

• FELIWAY FRIENDS®

CAP ou Apaisine féline

Ces phéromones sont produites par la femelle allaitante. Après la mise bas, elles sont le support de l’attachement et ont des vertus apaisantes et anxiolytiques. Le diffuseur FELIWAY FRIENDS® contient donc un analogue synthétique de la phéromone maternelle féline (C.A.P.). Dans la nature, cette phéromone joue un rôle important dans les relations entre la mère et ses chatons et instaure un sentiment de bien-être chez le chat. Il améliore ainsi la cohabitation entre plusieurs chats.

LE CBD  

Le CBD (ou cannabidiol) est un composé chimique que l’on trouve naturellement dans le cannabis.

Mais contrairement au THC (tétrahydrocannabinol), le CBD n’a pas d’effet psychoactif, ne fait pas « planer », et n’entraîne aucune dépendance. Il est bon de rappeler en revanche que le cannabis, s’il est ingéré par les chats, représente un risque toxique lié à la présence de THC.

Quelques indications pour le chat ?

Les principaux champs d’application pour le CBD sont :

a) La prise en charge des douleurs chroniques (la douleur arthrosique) et l’amélioration de la qualité de vie (animaux atteints de cancer),

b) certains domaines de la neurologie tels que l’épilepsie, les troubles anxieux, les troubles du sommeil, l’hyperactivité, et l’agressivité

Pour quelle utilisation ?

La forme galénique en huile semble la mieux adaptée aux chats pour une administration trans-mucosale (à travers la muqueuse buccale). Les effets apparaissent le plus souvent en 24 à 48h. Le vétérinaire pourra commencer à faible dose, la plupart du temps en deux administrations quotidiennes, et augmentera progressivement en fonction des effets obtenus.

Le CBD semble présenter un grand intérêt pour le traitement de nombreuses pathologies chez le chat. Cependant, il est recommandé de prendre l’avis de son vétérinaire, et de se méfier des sites internet qui fleurissent pour la vente en ligne des produits à base de CBD.

Bien vérifier l’origine des produits (car il n’existe aucune réglementation sur le sujet), et commencer par de faibles dosages, en accord et collaboration avec votre vétérinaire.

Sources :

- Pathologie comportementale du chat aux éditions AFVAC

- Clinique vétérinaire des Rochettes